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La culture de l'autre

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La culture de l'autre Empty La culture de l'autre

Message par Henri Jeu 30 Mai - 10:12

La culture ne se comprend que dans son aspect sociologique, que ce soit pour rapprocher les gens... ou les exclure. Comment ne pas être injuste en interprétant la culture populaire, qui est dominée ?
C'est le travail de Passeron et Bourdieu que je vous livre ici, après l'avoir reçu d'un conférencier.

Il ne faut pas mettre de côté la domination de la culture populaire et, par principe, vouloir la réhabiliter. On ne pourra pas comprendre, on passera à côté de quelque chose si on n'intègre pas le fait que la culture populaire est dominée.
L'autre écueil qui fait échouer cette tentative pour comprendre une culture populaire, c'est que ce sont toujours les savants, et les limites de leurs représentations, qui donnent leur explication d'une culture.

Est-ce que cette culture dominée doit être étudiée comme autonome ou bien considérée comme faisant parti d'un maillage de cultures (hétéronomie) ?
La domination est là depuis toujours. La culture dominée n'a jamais été autonome. Donc on ne peut appliquer les outils des ethnologues qui travaillent sur des sociétés coupés de l'Occident.
Marx et Engels avaient cette approche : les classes dominantes tiennent leur pouvoir de la propriété des moyens de production et créent leur culture, culture qui va justifier symboliquement ce statu quo. Cette culture domine alors la culture populaire.

Pensons aux média, à la télé, la presse, détenus par les grands patrons. Cette domination vient de ce que les dominés légitiment la culture dominante et que les dominants dissimulent cette domination en suggérant que leurs idées sont naturelles.
La classe dominante cache sa domination. Elle utilise par exemple le concept « d'intérêt général », de « progrès » (remplacé par le mot « développement » désormais).
Spinoza a fait une critique de la monarchie « qui a un grand secret, elle cache son illégitimité ». Par la religion, « les Hommes combattent pour leur servitude comme s'il s'agissait de leur salut ». On a là toute la monarchie de droit divin.
Il y a pu y avoir 1789 grâce à la montée de l'individualisme, de la normativité (la possibilité de se construire ses propres normes). Tout ça est ressorti dans les cahiers de doléances qui ont été écrits partout en France avant la convocation des États généraux en 1788 (voir le film Les paysans). La fuite à Varennes en finit de délégitimer le roi.
Marcuse, dans L'homme unidimensionnel, dit : « Il faut ôter aux Hommes les mots leur permettant de se révolter et les forcer à employer le langage du dominant ». Depuis 30 ans, le management ne parle plus de gérer, d'imposer, de planifier mais il parle de « projets ». Tout le monde est lié, a un projet et est faussement responsable de la réussite de « son » projet.

Comme on le lit chez Levy Strauss, dans Race et histoire, le mot barbare vient de beureubeureu : ceux qui parlent un sabir incompréhensible. Le mot sauvage signifie celui qui vient de la forêt. Cette attitude ethnocentriste est un déni d'humanité, on renvoie l'autre à l'animalité. Et même maintenant où notre civilisation a fini par voir l'autre comme un autre soi-même, un homme, il peut toujours y avoir régression (comme le fut le nazisme).
Le film la controverse de Valladolid traite de la question de savoir si les amérindiens ont une âme. C'est le contre-point de l'ethnocentrisme : le relativisme culturel, on a chacun notre culture ; elle est irréductible.
Si on pousse plus loin la démarche, on tombe dans l'autonomisme : on analyse de loin la culture de l'autre, comme quelque chose d'autonome, d'isolé.
Et là, on peut aller jusqu'à inverser les valeurs : les gens du peuple valent mieux que nous. On efface, on oublie, on nie la domination que subissent les autres cultures (dérive populiste). Par exemple, Sartre qui renie sa bourgeoisie a pu parfois se laisser aller au populisme.

Pour dépasser cela, il faut regarder les rapports sociaux dans lesquels sont prises les cultures. C'est la théorie de la légitimité culturelle. Certaines sont dominantes, elles deviennent légitimes.
Nietzsche disait : « La morale est une invention des faibles pour l'emporter sur les forts ». Autrement dit, la légitimité est une force moins directe que la violence physique, mais elle parvient aux mêmes fins.
Là aussi, il y a une déviance possible : on finit par être obnubilé par le manque de légitimité des cultures populaires (légitimisme), à ne plus voir que leurs aspects négatifs. On atteint le misérabilisme : la culture du pauvre est pauvre.

Est-on condamné à osciller ? A passer d'une position déviante à une autre ?
Il manque une articulation entre le relativisme culturel et la théorie de la légitimité. Les deux théories éclairent ce qui manquent chez l'autre théorie mais ratent leur objet.
Un transfuge qui sera passé d'une culture à une autre aura peut-être plus de chances de trouver cette articulation (lire La culture du pauvre de Hoggart). Comme conclut Sartre, dans Les mots, en parlant de lui-même : « Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui ».

Henri
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Message par pino Jeu 6 Juin - 8:34

Lire : " Sur la télévision " de Pierre Bourdieu . Sinon , je répondrais la même chose que dans ton wizzz . ( pour une fois que je suis d'accord avec moi même à 9 mois d'intervalle !!) .

pino

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Message par Henri Jeu 6 Juin - 11:45

c'est inquiétant ça Pino. Tu vieillis !

Henri
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Message par zahra Dim 9 Juin - 12:01

ou renaitre identique à soi même ce qui n'est pas plus mal qu'équivoque!

zahra

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Message par Cathrinta Ven 14 Juin - 17:56

Peut-être faudrait-il définir ce qu'est la culture populaire? Si tant est que ce soit possible. Il y a aussi à parler du langage que les dominants se sont appropriés, isolant d'autant plus le "pôple". Pourtant dans les sentences populaires, il y a une sagesse simple et forte que des philosophes, intellectuels brillants, développeront sur trois volumes pour en faire le tour. Je suis convaincue que les intellectuels de ce pays, même ceux qui se veulent les défenseurs des masses populaires, utilisent un langage incompréhensible pour la plupart dans le but unique de garder un bout de pouvoir. Parce qu'en réalité tout est affaire de pouvoir. Super article zahra!!!
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Message par Serge Dim 16 Juin - 7:19

la domination , thème récurrent dans bien des domaines . Super article.

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Message par Henri Mar 18 Juin - 8:40

Merci Serge, bien que personnellement je trouve que l'article souffre dans sa rédaction. Plusieurs phrases mériteraient une réécriture.
Zahra, Quignard te sied bien. La renaissance à soi, beau mythe mêlant nostalgie et désir d'avenir.
Enfin Cathy, c'est vrai qu'il faudrait commencer par dire un mot sur ce qu'est la culture populaire. A coup sûr, elle est multiple, elle ne se laissera pas enfermer dans une simple définition. Tout comme, on parle de différentes sous-cultures, de cultures alternatives, etc.
Peut-être qu'on doit la définir négativement, en disant que la culture populaire est toute la culture non dominante.

Henri
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La culture de l'autre Empty culture populaire

Message par Serge Jeu 20 Juin - 7:14

On peut voir deux définitions dans culture populaire. L'une péjorative indiquant l'habituelle vision sociale "pauvre en tout" "dénuement culturel et intellectuel". L'autre est celle que nous propose Henri et qui me parle quelque part au niveau du vécu...Culture non-dominante.La culture populaire a quelque chose de libre et d'oral. Elle est libre aussi d'aller chercher des "informations" où elle veut. Peut-être échappe-t-elle à l'académisme et aux rigoureux. La culture populaire a quelque chose qui tient des racines, de la terre , des sources. Elle a du ventre, des tripes. La culture dominante se galvaude comme un vulgaire produit de consommation avec lequel on se déguise.

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Message par Henri Jeu 20 Juin - 8:46

IAM parle de ce mécanisme qui fait lentement devenir classique quelque chose de novateur et réprouvé :
Ca vient de la rue

Henri
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Message par Cathrinta Jeu 20 Juin - 17:18

Les congés payés, les 40h par semaine, 1936, ça vient de la rue! Les vrais changements, ça vient pas d'ailleurs que de la rue, mais on s'éloigne là. Mais quand même, on n'avance qu'avec la rue, nom de dieu!!! ,-)
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